Parlez-moi de vous - Entretien d'embauche

« Parlez-moi de vous. » : 3 réponses pour briller en entretien

« Parlez-moi de vous. » : 3 réponses pour briller en entretien

Prenez la question qu’on lance au candidat en début d’échange, comme on tend une tasse de café tiède en salle d’attente :

« Parlez-moi de vous. »

Calmement, presque gentiment…

Et pourtant, ce n’est pas une question. C’est une sonde. C’est un test.

Parce que ce que le recruteur veut vraiment savoir, ce n’est pas si vous aimez les défis ou si vous êtes passionné par le travail en équipe. Il veut voir si vous tenez la route dès la première minute. Si vous savez ce que vous faites là. Et si vous êtes capable de le dire sans bredouiller votre CV.

Et là, on assiste souvent au même enchaînement tragique :

Silence. Balbutiement. Récit chaotique du parcours scolaire depuis la sixième. Le regard perdu vers la moquette, le recruteur qui commence, doucement, à penser à autre chose.

Dans cet article, je vais vous montrer comment reprendre la main. Pas avec des réponses toutes faites. Avec de la clarté, de la structure, et un peu de recul bien placé. Parce qu’il ne s’agit pas juste de répondre à une question. Il s’agit de montrer qu’on sait prendre la parole quand ça compte.

Et parmi toutes les questions d’entretien d’embauche qui existent, croyez-moi, cette question-là vaut bien qu’on s’y arrête.

Entrons maintenant dans le vif du sujet.

Pourquoi les recruteurs posent toujours «Parlez-moi de vous»?

Reprenons la scène. Vous entrez dans la salle. Pas trop sûr de vous, mais pas non plus en panique. Un verre d’eau. Un sourire poli.

Et puis, sans préambule le recruteur vous lance :

« Parlez-moi de vous. »

Vous le sentez, c’est là que l’entretien d’embauche commence.

À ce moment précis, il ne s’agit pas d’impressionner. Il s’agit de voir si vous êtes capable de prendre la parole sans vous noyer. Si vous pouvez dire qui vous êtes, là, maintenant, sans perdre le fil.

Et vous le savez. Vous le sentez. Dans les premières secondes de votre réponse, quelque chose passe. Ou ne passe pas.

Ce n’est pas forcément ce que vous dites.

C’est la manière dont vous présentez les choses. Si vous tournez autour. Si vous récitez. Si vous cherchez vos mots comme on cherche une issue de secours. Ou si vous y allez franchement. Simplement. Avec clarté. Avec tension.

Le recruteur ne dit rien. Il ne prend pas de notes. Mais dans sa tête, ça s’est déjà joué. Il sait si ça pourrait le faire. Ou pas.

C’est pour ça que cette question est toujours là. Parce qu’elle révèle vite. Elle tranche net. Et si vous ne savez pas quoi en faire, elle vous laisse sur le bord de la route avant même la deuxième question.

Alors on va la démonter, l’analyser et la comprendre.

Parlez moi de vous

Ce que les recruteurs cherchent vraiment

Vous l’avez peut-être déjà vécu. Vous commencez à parler. Deux phrases. Trois. Et en face, le regard du recruteur a changé. Pas hostile, pas froid, mais distant.

Comme s’il s’était déjà fait un avis.

Ce n’est pas qu’il juge. C’est qu’il scanne. Et dans votre façon d’entrer dans cette question, il lit plus de choses que vous ne le pensez.

Il ne cherche pas la bonne réponse. Il cherche à voir comment vous vous débrouillez avec une question ouverte. Il regarde si vous partez dans tous les sens. Si vous vous cachez derrière des dates. Si vous récitez.

Ou si vous êtes capable de poser un cadre. D’aller à l’essentiel. De dire, en quelques phrases, qui vous êtes professionnellement et pourquoi vous êtes là.

Ce n’est pas une question d’éloquence. C’est une question de posture. Et cette posture, elle dit beaucoup de vous :

  • votre capacité à prendre la parole, à synthétiser, à faire des choix,
  • votre lucidité sur votre parcours, votre capacité à faire le tri,
  • votre niveau de préparation, votre niveau de professionnalisme.

Et ça, ça se sent. Immédiatement.

C’est pour ça que cette question résiste au temps. Parce qu’en une minute, elle montre des choses qu’aucun test, aucun diplôme, aucun simulateur ne pourra jamais capter.

Et si vous pensez qu’il suffit de “raconter un peu son parcours”, vous êtes déjà à coté de la plaque.

Ce qu’on vous demande, ce n’est pas une version audio de votre CV. C’est un point d’entrée. Un axe. Une direction. C’est votre première occasion de montrer que vous savez pourquoi vous êtes là.

Les erreurs qui font rater 80 % des réponses

Il y a ceux qui bredouillent trois phrases et se replient sur leur chaise. Et ceux qui parlent pendant cinq minutes sans reprendre leur souffle.

Deux erreurs opposées : en dire trop… ou pas assez

Ceux qui n’ont “rien à dire” ne sont pas idiots.

Ils sont juste dépassés. Parce qu’ils n’ont jamais pris le temps de poser leur parcours. De le regarder en face. Ils arrivent avec l’idée qu’il faut être spontané, naturel, sincère. Et ils le sont. Mais ça ne suffit pas. Ils tournent autour, cherchent leurs mots, espèrent que le recruteur comprendra l’essentiel malgré eux.

Le souci, c’est que les recruteurs ne sont pas là pour deviner vos atouts. Ils écoutent ce que vous dites et cherchent un bonne raison de vous écarter du processus de recrutement. Point.

Et ceux qui ont “trop à dire” ne s’en sortent pas mieux.

Ils sont compétents. Expérimentés. Parfois brillants. Mais ils veulent tout caser. Chaque poste. Chaque mission. Chaque pivot dans leur vie professionnelle. Comme s’il fallait se justifier. Comme s’il fallait convaincre dès la première minute.

Résultat, c’est indigeste. Trop d’informations, pas assez de structure. On perd le fil. On ne comprend pas ce qu’ils viennent chercher ici. Pourtant, tout est là. Mais noyé.

Le problème est le manque de préparation.

Vous ne pouvez pas improviser une réponse claire à une question floue sans avoir bossé en amont. Et préparer ne veut pas dire apprendre une phrase par cœur. Préparer, c’est choisir ce que vous allez dire. Et surtout, ce que vous ne direz pas.

Les structures pour répondre efficacement à «Parlez-moi de vous»

Maintenant que vous avez compris ce qui se joue, une chose devient claire. La bonne réponse à « Parlez-moi de vous » n’est pas spontanée. Elle est préparée.

Et pour la préparer, il vous faut une ossature. Un plan. Un truc solide sur lequel vous pouvez vous appuyer quand la pression monte.

Pas une phrase toute faite. Pas un script figé. Une structure. Quelque chose d’assez simple pour tenir dans votre tête. Mais d’assez précis pour vous éviter de tourner en rond.

Ce qui suit, ce ne sont pas des recettes. Ce sont trois façons cohérentes de structurer votre pensée.

Elles ont fait leurs preuves. Elles sont adaptables. Et elles vous forcent à aller à l’essentiel. À vous de choisir celle qui vous convient le mieux. Ou de les combiner, si vous avez assez de lucidité pour le faire sans vous embrouiller. Dans tous les cas, ce qui compte, ce n’est pas la forme. C’est de poser votre voix. Clarifier votre trajectoire. Et donner envie d’en savoir plus.

Parlez moi de vous

Structure 1 : « Présent, Passé, Futur »

C’est la structure la plus connue. Et c’est souvent la plus efficace.

Présent, passé, futur.

Trois blocs. Trois temps. Une ligne claire qui donne du rythme à votre réponse sans avoir besoin de forcer.

Vous commencez par dire ce que vous faites aujourd’hui. Votre rôle. Vos missions clés. Ce qui vous occupe concrètement. Pas besoin de tout expliquer. Juste poser le décor. Voilà où j’en suis.

Ensuite, vous remontez. Pas à votre bac. Pas à votre premier job étudiant. Vous choisissez un ou deux moments significatifs qui expliquent comment vous en êtes arrivé là. Un virage. Une compétence. Un choix stratégique. Le but, c’est de montrer qu’il y a une logique derrière votre parcours, même s’il n’est pas linéaire.

Et enfin, vous atterrissez. Vous dites pourquoi vous êtes ici, en face de cette personne. Pourquoi ce poste vous parle. Pourquoi vous vous projetez dedans.

C’est fluide. C’est lisible. C’est suffisant. Et surtout, ça vous permet de garder le contrôle. Vous ne racontez pas votre vie. Vous choisissez les points d’ancrage. Vous ne cherchez pas à impressionner. Vous cherchez à vous situer.

Et c’est exactement ce qu’on attend de vous. Ce n’est pas une structure magique. Mais c’est un cadre. Et quand vous savez où vous allez, ça s’entend.

Et souvent, ça change tout.

Exemple de réponse :

« Bonjour, je m’appelle Claire Dubois, j’ai 34 ans.

Aujourd’hui, je termine une formation certifiante en marketing digital chez OpenClassrooms, où j’ai appris à créer du contenu, gérer des campagnes et analyser leurs résultats.

Avant ça, j’ai dirigé une librairie pendant presque dix ans. Ce que j’aimais beaucoup, c’était le contact avec le public et la mise en avant des auteurs. Mais je me suis aussi rendu compte que je passais trop de temps dans l’opérationnel, et pas assez dans la communication au sens stratégique.

C’est ce constat qui m’a poussée à me reconvertir. Ce que je souhaite maintenant, c’est mettre mes compétences en marketing digital au service de projets culturels, pour croiser mes deux expériences : la stratégie de communication et la création de contenus à forte valeur humaine. Et c’est ce qui m’a poussé à postuler chez vous. »

Ce type de réponse est solide parce qu’il donne immédiatement un cap. On comprend qui parle, d’où il vient et pourquoi il est là. Aucun détour inutile, juste une trajectoire claire qui montre que le candidat sait se situer.

Structure 2 : Une structure « Fil rouge de votre parcours »

La structure du fil rouge personnel consiste à partir non pas de ce que vous avez fait, mais de ce qui vous a toujours porté. Ce n’est pas une suite d’expériences. C’est une ligne de fond. Une cohérence intérieure qui traverse les virages, même les plus inattendus.

Elle présente une idée. Une constante. Un motif.

Vous dites, en une phrase, ce que vous cherchez à faire dans votre vie professionnelle. Ce qui vous intéresse. Ce que vous aimez résoudre. Le moteur qui revient, que le contexte soit associatif, commercial, technique ou créatif.

Et ensuite, vous tirez le fil. Vous montrez comment cette idée vous a guidé, parfois sans que vous le sachiez. Un choix de mission. Une bifurcation. Une reconversion.
Vous redonnez du sens là où, sur le papier, il n’y avait qu’un enchaînement flou.

Puis vous atterrissez. Vous montrez où ce fil vous a amené aujourd’hui. Ce qu’il vous a permis de comprendre sur vous, sur ce que vous voulez. Et pourquoi ce poste, ici, maintenant, résonne avec ce fil-là.

C’est une réponse plus personnelle, plus incarnée. Mais ce n’est pas une confession. C’est une démonstration. Vous ne vous racontez pas. Vous montrez une logique invisible. Vous éclairez un choix.

Et c’est souvent ce que cherchent les recruteurs devant des profils atypiques. Ils ne veulent pas comprendre votre CV. Ils veulent comprendre votre direction.

Exemple de réponse :

« Bonjour, Aline Martin, merci de me recevoir.

Ce qui m’a toujours guidée dans ma vie professionnelle, c’est la façon dont les gens s’approprient les choses. Les idées, les lieux, les projets. J’ai commencé dans la médiation culturelle, dans des musées et des associations. Mon travail, c’était de rendre du contenu accessible, vivant, concret. J’adorais ça, mais j’ai vite vu les limites quand la décision se prend à quinze étages au-dessus.

Alors j’ai bougé. J’ai travaillé dans des structures plus petites, plus ancrées localement. J’ai géré des appels à projet, coordonné des partenaires, monté des actions concrètes avec un vrai impact sur le terrain. Et là, je me suis rendu compte que ce que j’aimais vraiment, c’était orchestrer. Créer les conditions pour que les choses circulent, avancent, prennent forme.

Aujourd’hui, ce fil-là, il est toujours là. Mais avec une vision plus stratégique. J’ai envie de travailler sur des projets structurants, dans une logique d’impact, mais avec des moyens clairs, une équipe solide, et une vraie culture de la coopération. C’est ce que je retrouve dans votre poste, et c’est ce qui me donne envie de vous rejoindre. »

Ici, l’enjeu est de montrer une cohérence profonde. Ce type de réponse touche juste parce qu’il relie les étapes sans les lisser. Le parcours devient direction, pas accumulation.

Structure 3 : Une structure « Problème, Déclic, Résultat »

La structure problème, déclic, résultat consiste à raconter un moment de rupture dans votre parcours. Juste un moment où quelque chose s’est déplacé en vous, assez fort pour que ça change votre trajectoire.

Elle repose sur une tension. Une frustration. Quelque chose qui ne tenait plus. Puis vient le déclic. Ce moment précis où vous avez décidé de faire autrement. Et enfin, le résultat. Pas forcément spectaculaire. Mais clair, assumé, cohérent avec ce que vous êtes devenu.

C’est une structure très humaine, donc très risquée si elle sonne faux.

Mais bien menée, elle montre ce que beaucoup de recruteurs espèrent entendre sans oser le formuler : que vous n’êtes pas juste en mouvement, mais en transformation.

Exemple de réponse :

« Bonjour, merci pour votre accueil.

Pendant plusieurs années, j’ai travaillé dans la gestion de stock pour une enseigne de bricolage. C’était stable, organisé, avec pas mal de responsabilités. Mais un jour, on m’a demandé de former un nouveau collaborateur. Et en l’accompagnant, je me suis rendu compte que ce qui me stimulait vraiment, ce n’était pas de gérer les stocks… mais d’expliquer, de transmettre, de structurer un apprentissage.

Ce moment-là a été un vrai déclic. J’ai compris que j’avais besoin de plus de relation, plus de sens. Alors j’ai repris une formation de formateur, puis en ingénierie pédagogique. J’ai testé mes compétences en animant des ateliers pour des publics en reconversion, et ça m’a confirmé que j’étais à ma place.

Aujourd’hui, je cherche à intégrer une structure où je pourrais concevoir et animer des parcours de formation, notamment pour des adultes en transition professionnelle. Votre approche et vos publics me parlent, c’est pour ça que je postule chez vous. »

Ce genre de réponse ne s’improvise pas. Mais si vous avez connu un vrai déplacement dans votre trajectoire, c’est une manière forte de l’assumer, sans l’expliquer comme une faiblesse ni le maquiller en storytelling.

Les pièges à éviter quand on répond à «Parlez-moi de vous»

Jusqu’ici, on vous a donné des structures. Des cadres. Des exemples qui fonctionnent. Mais avant de vous commencer à travailler sur votre réponse, il faut faire un pas de côté. Parce que la vraie question n’est pas :

« Quelle structure choisir ? »

La vraie question, c’est :

« Pourquoi la plupart des gens se plantent même avec une structure ? »

Et la réponse tient rarement à un manque de fond. Elle tient à autre chose. Plus sournois. Plus courant.

Certains parlent trop, espérant cacher leur flou derrière leur énergie. D’autres sont précis… mais creux. Lisses. Sans tension, sans direction. Et puis il y a tous ceux qui récitent. Qui posent leur réponse comme une formule magique. Pas un mot plus haut que l’autre. Pas une hésitation. Mais pas un gramme de présence non plus.

Ce que ces réponses ratent, ce n’est pas le contenu. C’est la congruence, le contact, le lien entre ce que vous dites et ce que vous incarnez.

Et c’est là qu’on entre dans une dimension où il ne suffit plus d’avoir préparé, il faut avoir compris ce qu’on fait là.

Ce qui suit, ce n’est pas une liste d’erreurs à éviter. C’est une dissection. Un démontage. Pour que vous puissiez voir, lucidement, ce qui affaiblit votre réponse même quand vous pensez être prêt.

Parce qu’un bon candidat, ce n’est pas quelqu’un qui sait bien parler.

C’est quelqu’un qui sait de quoi il parle.

Parlez-moi de vous

Une réponse fourre-tout, sans direction

Vous savez maintenant pourquoi cette question résiste au temps. Ce n’est pas une formalité. Ce n’est pas un piège. C’est une épreuve de clarté.

Quand un recruteur vous dit “Parlez-moi de vous”, il ne vous demande pas une synthèse. Il vous donne le micro. Et il écoute. Non pas juste ce que vous avez fait, mais comment vous vous tenez dans votre parcours. Ce que vous en avez compris. Ce que vous en faites. Alors non, ce n’est pas une question à boucler vite fait dans le métro avant l’entretien.

C’est une question qui se prépare comme on prépare un vrai projet : avec de la matière, des choix, et une intention. Ce que vous dites ici donne le ton à tout le reste.

Si votre réponse est solide, vivante, claire, vous ancrez l’entretien dans un autre niveau de jeu. Vous passez du candidat parmi d’autres… à la personne dont on a envie de creuser le cas. Pas parce que vous avez coché toutes les cases. Mais parce que vous avez dit quelque chose d’essentiel : « Je sais qui je suis, je sais ce que je viens faire ici, et je suis prêt à en parler. » Et ça, c’est exactement ce qu’on attend de quelqu’un qu’on a envie de recruter.

Une réponse trop lisse pour être mémorable

C’est propre. C’est bien articulé. Le ton est posé, la voix est stable, le vocabulaire professionnel.

Sur le papier, tout est là. Et pourtant, en face, ça ne décolle pas. Parce que ce que vous dites est neutre. Inattaquable, donc sans relief.

Vous avez peut-être suivi les conseils. Une intro claire, une chronologie logique, une phrase de clôture qui annonce la suite. Mais tout sonne comme un discours d’entreprise. Lisse. Sans tension. Sans aspérité. Sans personnalité.

Le fond est là. Mais l’intention manque. On comprend ce que vous avez fait, mais pas ce qui vous anime. On voit les postes, mais pas la trajectoire. On devine la compétence, mais pas la personne.

Ce genre de réponse, on l’oublie trente secondes après l’entretien. Pas parce qu’elle est mauvaise. Parce qu’elle ne laisse aucune trace.

Et ce n’est pas un problème de charisme. C’est un problème de positionnement. Vous parlez comme si vous vouliez surtout ne pas déplaire. Mais l’entretien ne récompense pas ceux qui s’effacent. Il récompense ceux qui savent où ils se tiennent, même si ce n’est pas exactement ce qu’on attend.

Si vous ne prenez pas position dans votre propre récit, quelqu’un d’autre le fera pour vous. Et souvent, ce sera faux.

La bonne réponse n’est pas parfaite. Elle est vivante. Elle a une direction, une tension, une voix. Et ça, aucun script ne peut vous le donner.

Une réponse trop scolaire pour être crédible

Vous avez bossé. Sérieusement. Lu des articles, noté vos idées, formulé vos phrases. Vous avez répété votre réponse jusqu’à ce qu’elle tienne sans effort.

Et le jour de l’entretien, tout sort comme prévu. Sauf que non. Rien ne sort vraiment. Vous déroulez. Vous ne parlez plus.

Vous êtes fluide, mais absent. Calme, mais verrouillé.

Le recruteur vous regarde. Il hoche la tête. Il prend des notes.

Mais au fond, il se demande une chose : où est la personne ? Pas la fiche de poste ambulante. La personne. Ce n’est pas votre contenu qui dérange. C’est le fait qu’il n’y a plus rien à découvrir. Tout est déjà calé. Tout est verrouillé.

Vous avez tué la spontanéité à force de vouloir tout maîtriser. Et c’est là que vous perdez. Pas sur le fond. Sur le lien. Parce qu’un entretien, ce n’est pas une récitation. C’est une scène vivante. Ce que vous dites, c’est 50%. Comment vous êtes là, dans la pièce, c’est le reste.

Préparer ne veut pas dire apprendre. Préparer, c’est structurer. C’est clarifier. C’est décider de ce que vous voulez dire. Mais le jour J, ça doit vivre. Respirer. S’adapter.

Sinon, vous êtes comme un acteur qui jouerait du théâtre en pleine conversation : juste, mais faux. Et ce faux-là, il ne rassure personne. Il donne l’impression que vous vous cachez derrière votre texte. Et s’il y a bien une chose qu’un recruteur redoute, c’est de ne pas voir ce qu’il achète.

Ce que vous dites n’a de valeur que si on sent que vous êtes là pour le dire. Pas pour le livrer. Pour le porter. Et cette présence-là ne s’apprend pas.

Elle se choisit.

Conclusion

« Parlez-moi de vous », ce n’est pas un test de mémoire. Ce n’est pas un piège rhétorique. Ce n’est même pas une vraie question, au fond.

C’est un prétexte. Un espace qu’on vous ouvre pour voir comment vous vous positionnez quand rien ne vous y oblige.

Et là, on voit tout :

  • ce que vous avez compris de votre parcours,
  • ce que vous avez choisi d’en retenir,
  • ce que vous assumez. Et ce que vous planquez.

Votre manière de prendre place dans un échange où vous n’avez pas encore de rôle officiel.

Répondre à cette question, ce n’est pas bien parler.

C’est bien tenir. Tenir votre voix. Tenir une direction. Tenir le regard.

Sans jouer un rôle. Sans vous cacher derrière un jargon ou une checklist de compétences. Et cette tenue-là, ça ne s’improvise pas. Elle se prépare, oui. Mais pas comme on révise une leçon.

Comme on affine une parole. Une parole qui ne cherche pas à séduire, mais à être juste. Alors prenez le temps. Pas pour briller. Pas pour gagner.

Mais pour être clair avec vous-même avant de vous asseoir devant qui que ce soit.

Parce que le jour de l’entretien, vous ne serez pas là pour faire bonne impression. Vous serez là pour raconter qui vous êtes devenu, et pourquoi c’est cohérent d’envisager de continuer l’histoire avec eux.

Et ça, c’est autre chose qu’une bonne réponse.

C’est un début d’engagement.